Le récit du Challenge Roth 2017 par JiPé Rodenburger

Roth, un mythe, une légende. Un an à ne penser qu’à ça. Mais tout ça vient en fait de beaucoup plus loin. Modeste coureur et marathonien, je suis venu au triathlon pour varier et les plaisirs et un jour pouvoir affronter la distance mythique. C’était il y a 4 ans quand je me suis inscrit pour la première fois à l’Acbb et nous y voilà. Il est 7h40, je suis dans mon sas de départ et plein d’images me reviennent en tête : premier triathlon, à Versailles en 2014, premier stage à San-Feliu en 2015, premier Half à Vichy l’an passé, etc. Nous voilà donc le jour J. Je dis nous car une aventure comme ça ne se vit pas seul, il faut toujours des compagnons de galère. Il y a d’abord Rudy, la machine modèle de préparation et d’expérience, Phil, le sage qui se connaît par coeur et puis Marc et Caro toujours prêt à relever des défis quand la bière est au bout, surtout Caro. Mais dans son sas de départ, on est seul, seul au bord du précipice et d’une journée qui sera forcément longue.

3,8 km en apéro

Je suis le dernier de l’ACBB à prendre le départ, l’air est un peu plus moins étouffante que les jours précédent et l’eau avoisine les 22 degrés. La natation se passe plutôt bien et je rattrape vite le groupe d’âge devant moi. J’essaie de poser une nage propre en imprimant néanmoins un bon rythme. J’applique les conseils d’Eric à la lettre : “aller chercher bien profond” pour avoir un bras gauche efficace. Pour le moment tout fonctionne comme prévu et je sors de l’eau en 1h07 plutôt content de mon chrono. Dans la tente de transition, je croise Marc qui avouera plus tard avoir pas mal galéré avec ses lunettes… De mon côté je me change rapido, donne mon sac aux bénévoles et saute sur mon bike. La sortie du parc à vélo se fait sous les vivas d’une foule compacte qui nous suivra tout au long de la journée.

L’art de la gestion

Sur un premier iron, le vélo c’est un peu l’inconnu et en même temps l’épreuve charnière. Il faut envoyer mais ne pas trop appuyer au risque de se cramer sur le marathon. C’est un savant mélange à trouver et pas si facile quand on découvre la distance. J’essaie donc de rouler sans me faire “mal” mais en tentant de trouver une bonne allure. Pas simple. Surtout que le parcours annoncé roulant ne l’est pas tant que ça. « C’est un parcours un peu batard. En fait tu es tout le temps en prise. Il n’y a pas de place au repos et ça grimpe mine de rien » analysera Caro en fin de course. Et la montre parle d’elle même. Sur les 1200 annoncés, le dénivelé est en fait de 1400. Pas assez pour être cassant mais suffisant pour être éprouvant. Mais encore une fois grosse ambiance sur la route. Chaque villages traversés fêtent notre passage. Les gens ont installé des tables sur les trottoirs et admirent les coureurs, bière à la main et saucisses dans l’assiette. Le parcours comporte deux boucles de 90km avec une grosse claque au km 80.

Joue la comme Virenque

Le Solarberg ou Solar Hill, tout le monde en parle. Les anciens de club nous avaient averti mais c’est vraiment quand on le vit que l’on se rend compte du “truc”. Le pire c’est que l’on ne le voit pas arriver. On passe un énimène village puis on prend un virage à droite et là, la claque. On voit au loin, sur cette petite cote de rien du tout, une foule de gens. Au début, il y a des barrières style arrivée du Tour de France puis, plus de limite. Comme en haut d’un col de la Grande Boucle. L’espace se resserre, et l’on fend la foule avec un espace d’1m50 pour passer. On touche du doigt ce que les Virenque, Jalabert ont pu vivre lors de leur mythiques épopées en montage. Les poils se dressent, le sourire ne quitte plus le visage et même si l’on ne peut pas doubler, on profite de l’instant magique et unique sur un triathlon. Bon le deuxième passage sera un peu moins bondé mais sera le signe de la fin de la partie vélo. J’arrive dans l’aire de transition après 6h27 de vélo. Content d’en avoir terminé mais avec le sentiment d’avoir un peu trop “contrôlé”. De bon augure pour la suite ? Pas vraiment

42 km en dessert

Après une transition en mode escargot, le marathon se présente. 42 bornes à boucler et un nouveau tracé pour cette édition 2017. Un parcours censé ravir les spectateurs car les tours le long du canal ont été remplacé par un périple vallonné entre les villages des alentours. Du coup une cap très dur pour un iron. Mon début de course n’est pas terrible, j’ai mal au ventre à cause de toutes les barres ingurgité sur le vélo et je n’ai rien envie d’avaler. «Iso, wasser, cola » proposent les bénévoles aux ravito mais rien ne passe. Je m’asperge avec un peu d’eau et avance comme je peux. Les jambes sont pourtant bonnes mais pas la digestion. Je passe le premier semi et bizarrement ça va un peu mieux les maux de ventre ont disparu mais ce sont les jambes qui souffrent maintenant. Qu’importe on ne lâche rien et l’on essaie d’évacuer la douleur comme on peut. Les kilomètres défilent et la ligne d’arrivée se profile enfin. L’entrée dans la tribune est un moment fort où tous les sentiments se mêlent. La joie de terminer se mélange à la frustration de n’avoir pas réussi la course à pied escompté. Sur ces 200 derniers mètres on se refait la journée dans sa tête à vitesse grand v. La fatigue nous fait craquer. On verser une petite larme, on est un peu agar, on ne sait pas trop où aller. On pense à retrouver les copains pour fêter ça ensemble. Au final je termine en 13h01, je suis finisher, je suis
Ironman, je suis fier d’avoir réaliser cette course de dingue avec une prépa pas forcément optimale. Mais je suis surtout heureux d’avoir vécu une super aventure avec Rudy finisher en 9h45, Phil finisher en 11h30, Caro finisher en 12h42 et Marco finisher en 12h46. A la fin on se dit plus jamais mais dès le lendemain on a envie d’y retourner. Sport de dingue :).

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